HISTOIRE D’UNE PEINTURE

Elle a pris naissance, tout d’abord sous mes yeux, lors d’une balade.
Installée sur le muret, j’ai dessiné.
La petite barrière est là. Fidèle.
Durant des années, je ne faisais jamais un dessin de paysage sans inclure une barrière ou une clôture.
Le dessin au stylo a dormi un petit moment dans le carnet à croquis.
Je l’ai ressorti et lui ai donné une autre vie.

Je lui ai offert une toile. De celle que je blanchis, que je lisse comme la pierre.
Le Passage était né. Dans son cocon de couleurs froides.
Sur le côté, le parapet est juste souligné d’un trait à la plume.
Comme une invitation.
Et puis le Passage.
Celui qui emmène loin, qui évade.

Après quelques semaines à l’atelier, la toile, installée à la galerie intrigue, interpelle.
Et puis, c’est le coup de foudre.
C’est ainsi la peinture. Cela vous touche au plus profond. Vous ne comprenez pas pourquoi.
Mais c’est celle-ci et pas une autre.

Murielle m’a regardée au fond des yeux. Comme une question.
J’ai alors compris que la toile ne m’appartenait plus. Qu’elle me quittait pour aller ailleurs.
C’est cette impression qui me fait toujours revenir aux moments de sa « naissance »…
L’atelier du soir, une musique de fond, le café ou le thé refroidi sur la table parmi les tubes, il fait nuit par-delà la fenêtre.
Le petit Duc lance son HU interminablement régulier. Il sait que quelque chose se passe dans la lumière de l’atelier.

Murielle dites-vous ? non je ne la connaissais pas.
Pas avant qu’elle ne franchisse timidement les deux marches de pierres de la galerie.
Mais un regard a suffit.

5 réflexions sur « HISTOIRE D’UNE PEINTURE »

  1. Mon chemin de Gordes
    Un sombre après-midi de janvier, besoin de rêver d’ailleurs, je feuillette un magazine de décoration, mon regard s’arrête… En haut à gauche d’une photo d’un joli salon, sur le mur teinté à la chaux, une fenêtre avec un drapé sur un fil. La légende dit : tableau de Doro.T, internet répond à ma curiosité, je téléphone, pose des questions mais je ne peux acheter à distance, j’ai besoin de voir la matière, la toucher du regard, la sentir… On doit bientôt passer tout près de Gordes alors j’espère mais la voiture est pleine et finalement cela fait un long détour alors j’attends…
    Un an et demi plus tard, j’y pense toujours et le Luberon nous accueille pour les vacances : une semaine, repos, visites et… Gordes. Mardi 17 avril, 18h45, nous nous garons près de l’église. Je me sens nerveuse sans savoir pourquoi, peur d’un moment tant attendu. Les ressentis sont parfois plus forts que les explications. Une pancarte nous indique la direction, je me précipite jusqu’à l’entrée de la galerie oô j’hésite quelques secondes.
    "Le passage" est là, à droite, il m’a capturée dans sa profondeur dès que je l’ai vu, mais je l’ignore, je veux m’éloigner, décider par moi-même alors je m’attarde sur le tournesol, regarde les posters mais l’appel est trop fort, alors je prononce la phrase qui va sceller notre destin.
    La toile a remplacé le papier glacé des magazines, le rêve est entré dans mon salon à un endroit oô je peux m’y plonger sans cesse.
    Doro.T ? moi non plus je ne la connaissais pas.
    Pourtant à travers son regard, j’ai vu toute la profondeur de son art. Désormais, elle est là, cachée derrière la barrière, juste à côté du passage de mes rêves.

  2. Et bien tout ça donne envie de voir "le passage"!
    trop tard ?
    DoroT fait et dit des choses pleines de poésie… normal Murielle que vous soyez tombée sous le charme!

  3. Bonjour dorot,

    Peintre et dessinateur amateur, mais passionné depuis mes 8 ans , je suis toujours à la recherche de technique, d’histoire etc… Je me ballade souvent sur les sites et les blogs, et bien souvent je tombe sur des perles. Votre site, votre peintures, vos textes et tout ce qui s ‘en dégage, font maintenant parti de ces perles. Vous avez une maniere de partager ce que vous faÎtes qui est tout simplement magnifique. Je garde votre blog dans mes favoris, pour venir de temps en temps voire vos dernieres histoires ecrites, vos dernieres histoire peintes. Merci pour ce partage.
    A bientôt.
    Guillaume.

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